SUR LA ROUTE

 

PatMiki, sur la route USA, 2019.

 

En 1999, nous sommes partis vivre l’expérience de l’isolement.  Inspirés par le roman Vendredi ou les limbes du Pacifique, de Michel Tournier, nous avons mis en pratique deux typesd’isolement extrêmes : la retraite sur l’île quasi dépeuplée d’Anticosti suivie d’une plongée en milieu urbain dans la grouillante île de Manhattan.

« Le résultat de cette expérience est un dialogue photographique où contrastent l’ascétisme de la matière et le poids de la mobilité à l’échelle mondiale. Surtout, c’est le désir de transgresser les règles sociales, de sortir du cadre et de s’exiler en marge de la périphérie visuelle qui s’exprime. C’est un naufrage où le regard de l’autre se reflète en soi et où la solitude cherche à sauver l’essence de ce qu’est l’humain[1]. »

Le projet Dialogue Soliloque fût le point de départ de nos 20 années de création en duo sur la route entre le Québec et l’Amérique latine.

PatMiki, sur la route, Arkansas,USA, 2011

PatMiki, sur la route, Oaxaca, Mexique, 2011

PatMiki, Miki, Oaxaca, 2019

Depuis ce temps, l’errance dans la création fait partie de notre vie, elle est le let’s motiv de tous nos projets. Nous parcourons les Amériques avec notre camionnette, cette terre étant notre lieu de prédilection.
« Le Nicaragua, le Guatemala, la Colombie et le Mexique ont ainsi été des lieux de rencontre avec des réalités culturelles et identitaires diverses, qui s’intègrent dans leur travail artistique nomade et transfrontalier. Les stratégies audiovisuelles participatives articulent l’axe autour duquel convergent les expériences personnelles, les mémoires collectives, les revendications politiques, les luttes environnementales, les usages et les coutumes qui composent une ethnographie de la vie quotidienne, de la vie de quartier. Ce néo-muralisme photographique participe au dialogue entre les traditions culturelles du sud et du nord, grâce à une approche intuitive où le sens collectif domine le champ visuel[2]. »
Nous avons choisi de témoigner de notre époque en s’influençant du regard des autres et de la perception de la population sur son environnement dans la création de nos œuvres photographiques. Une approche humaniste intrusive qui s’inspire de la réalité des récits qui nous sont racontés pour créer une histoire qui réunit ces différentes perceptions en oscillant entre la réalité et la fiction.
Notre recherche est commune, nous voulons exposer les récits racontés par et pour les personnes, enrichies de chroniques d’histoires ordinaires et non officielles. C’est une investigation sur le territoire, les frontières sociales ou physique influencée par les rencontres in extremis lors de nos déplacements.
C’est dans l’errance que l’on restructure nos souvenirs, nos pensées, c’est là que tout nous parait possible, nous philosophons sur la vie en se laissant porter par le décor qui défile devant nous comme un film.
Le déplacement comble le besoin d’aller vers l’autre, c’est la quête de l’étranger ou la quête d’être étranger? Nous avons un regard sur les autres comme ils ont un regard sur nous. C’est pourquoi, nous sommes toujours à l’affût de l’autre, de ce que la route nous apporte comme espace constant de création et de réflexion adapté aux lieux et aux situations.

[1] Texte de Nuria Carton de Grammont sur le site de patmiki.ca

[2] Extrait tiré de la conférence de Nuria Carton de Grammont « Le nomadisme comme pratique spatiale et principe d’un art interculturel présenté lors du colloque de L’Association d’Art des Universités du Canada le 27 octobre 2016.

PatMiki, sur la route Uchitán, Oaxaca, Mexique 2020